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Ecole Koechlin (2005)

 









avec sa petite-fille


Les Obrecht / Les Hild / Les Schmitt / Les Obrecht-Schmitt

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Un instituteur à l'ancienne mode

Jean Obrecht est né le 25 mars 1860, à 6 heures du matin à Andolsheim où il est baptisé le 9 avril. Fils de maçon, il accède à un autre niveau social par son métier d’instituteur. Selon André Hild (1912-2009), dernier témoin qui l’a encore connu et a pu être interrogé, c’était un homme dont la personnalité dépassait cette condition d’instituteur, avec toutefois une certaine tendance au pédantisme, propre à sa profession à l’époque. Sa bibliothèque - en partie conservée - est caractéristique de la culture bourgeoise allemande de la fin du XIXe siècle : l'encyclopédie Meyer (Meyer's Konversations- Lexikon) en 15 volumes (1874-76), un atlas de 1881, les oeuvres de Goethe et Schiller, une histoire de la littérature allemande, un traité d'esthétique et diverses collections reliées de revues destinées au grand public (Über Land und Meer, Moderne Kunst,...). On sait par sa petite-fille qu’il était féru de botanique et on garde encore son herbier. Elle se souvenait aussi qu’elle s’endormait, dans sa chambre à l’étage, au son du piano dont son grand-père jouait au rez-de-chaussée. Il faisait partie d'un choeur d'enseignants et berçait volontiers sa petite-fille de chansons lorsqu'elle était malade.

   De sa confirmation il reste une grande gravure bleue et argent, de style «gothique», qui lui a été remise à Andolsheim le dimanche des Rameaux 1874 par le pasteur Martin Krencker dont le fils Daniel, architecte et archéologue connu, naît la même année. Le verset qui lui a été attribué est Psaumes 86,11: «Weise mir, Herr, deinen Weg…» [Seigneur, indique-moi ton chemin…]. Il se marie à Andolsheim, le lieu de résidence de son épouse Salomé Hild, fille d'un aubergiste, le 6 novembre 1883. Un pasteur Schmidt préside à la cérémonie et attribue aux époux le verset: Proverbes 3,33: "Der Fluch des Herrn ist im Hause des Gottlosen, aber die Wohnung der Gerechten segnet er" [La malédiction de l'Eternel est dans la maison du méchant, mais il bénit la demeure des justes]. L’acte de mariage lui attribue comme domicile Colmar où, jeune instituteur stagiaire, il réside encore à la fin de cette année 1883 quand il est témoin d'un mariage. C'est cependant à Andolsheim que le couple déclare le 12 août 1884 la naissance d'une fille, Salomea Johanna, qu'on n'appellera jamais autrement que Jeanne dans la famille. A l'époque Jean Obrecht est sur le point d'être nommé à Mulhouse et on peut supposer que son épouse s'est rendue auprès de ses parents pour accoucher

.      Comme autre document administratif on ne possède qu’un extrait de registre attestant, en 1920, qu’il est inscrit parmi «les personnes réintégrées de plein droit dans la qualité de Français en exécution du Traité de Paix du 28 juin 1919». 

       Quelques photographies ont fixé ses traits pour la postérité. Il y a d’abord un "ferrotype", une photographie sur une fine plaque métallique le représentant jeune homme, assis, coiffé d’un chapeau melon, en compagnie de sa fille Johanna/Jeanne et du cousin de celle-ci, Paul Hild. Il s’agit d’une «photographie instantanée», comme l’indique l’opérateur, un certain George Ochsenkiel, sur le support de carton en un jargon franco-allemand («Mulhause [sic] - Strassburg»). Ce document atteste du succès dans les années 1880 de cette technique, volontiers utilisée par les photographes ambulants pour sa simplicité et sa rapidité; d’après l’âge des enfants, cet instantané doit dater en effet de 1886 ou 87. D’une excursion dans les Vosges, vers 1910, on garde l’image d’un groupe où l’on reconnaît, outre Jean Obrecht, sa fille Jeanne avec son mari, ainsi que sa belle-soeur Madeleine Obrecht-Hild.

    Contrairement à celle de son homologue Georges Schmitt (cf. "Les Schmitt") la carrière de Jean Obrecht est rectiligne, classique et sans accrocs. En 1877, après l'école "primaire supérieure", il entre à 17 ans à l'Ecole normale d'instituteurs de Colmar pour un cursus de trois ans. Ses résultats se maintiennent dans la moyenne (note 3 sur un échelle de 1 à 5). Il se distingue par sa bonne conduite (1), son application (2/3) et son aptitude au chant (2). Une rubrique le considère comme davantage apte à enseigner à la campagne qu'à la ville. Du 9 au 14 février, puis du 23 au 28 février 1880 il passe deux séries d'épreuves écrites et orales qui lui donnent d'une part l'équivalent du baccalauréat, et sanctionnent d'autre part la fin des études d'instituteur (Prüfung 1). Les notes du premier examen - moins sélectif? - sont particulièrement bonnes (1 en histoire et calcul). L'examen de fin d'études est une succession de 3, sauf un 2 en gymnastique. On remarque l'importance de l'éducation musicale: chant, piano, orgue et violon. On demande en effet souvent au village à l'instituteur de tenir l'orgue et de diriger la chorale de l'église.

   Reçu avec 26 autres candidats Jean Obrecht reçoit un diplôme provisoire l'autorisant à enseigner dans une école primaire. Il lui faut encore effectuer un stage pratique de trois ans. Le 9 juin 1880 son nom apparaît sur une liste qui l'affecte à un poste à Colmar où il exercera et résidera jusqu'en 1883.


  

     Après cette période probatoire il passe avec succès l'examen final (Prüfung 2) du 9 au 13 avril 1883. Ses notes se maintiennent à nouveau dans la moyenne avec une majorité de 3. On remarque trois épreuves écrites portant sur la pratique pédagogique, l'enseignement de la religion et l'enseignement du chant. L'examen est complété par une épreuve en situation devant une classe. Le 12 septembre 1884 il est nommé à Mulhouse à l'école Koechlin où il fera toute sa carrière. Le décret de sa nomination définitive ne paraîtra toutefois que le 23 avril 1885 avec effet au 1er du mois. Ce sont 40 ans de carrière qui s'ouvrent devant lui avec un avancement régulier jusqu'au 10e échelon, atteint après la 28e année.

   

Extrait d'un registre de l'école Koechlin

    L'école Koechlin, construite en 1865 est l'une des plus anciennes et la deuxième plus importante de la ville avec plus de 1000 élèves, garçons et filles. Située à proximité de la populeuse Cité Ouvrière, elle compte à l'époque une vingtaine de classes, confiées à des instituteurs pour les garçons et des institutrices (moins payées!) pour les filles. Jean Obrecht a donc été nommé dans l'école dont Anna Schray-Krebs a fréquenté peu auparavant la section des filles. Au fil des ans on lui confie la responsabilité de classes de plus en plus âgées: commençant par la 7e en 1890, il est en charge de la 3e A en 1907/08 et de la 2e A en 1910/11, une classe de "grands". Son traitement annuel augmente parallèlement et passe entre 1890 et 1899 de 1800 à 2500 Marks.

    Sur une photographie de classe de 1917 ou 1918 on le voit présider aux destinées de 39 bambins de cette école Koechlin. Sa physionomie est sévère, mais il a placé grand-paternellement sa petite-fille devant lui. Dans sa pleine maturité il en impose par son air d’autorité: visage carré, cheveux courts, moustache hérissée: c’est ainsi qu’il apparaît en buste sur une photo grand format dont un tirage est accroché dans la salle de séjour de son domicile, rue de l’Espérance.

 








































vers 20 ans









reçus!