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 eglise et tombe familiale

 

























 

 

 

 





 Les Obrecht

Lorentz ( -1631)

Jacob (1588-1651)

Johannes (1613-1685)

Johann Jacob (1660-1742)

Andreas (1696-1778)

Philipp (1744-1818)

Johann Michael (1792-1865)

Mathias (1827-1911)

Jean (1860-1941)

Johanna (1884-1967)

 

 



      







 

Les Obrecht / Les Hild / Les Schmitt / Les Obrecht-Schmitt

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Pendant ce temps en Alsace 

Comme Oppligen pour le côté paternel, le village d'Andolsheim est le berceau de la famille du côté maternel. Les deux localités sont de taille comparable (2232 habitants en 2011 pour Andolsheim), ont eu une même vocation agricole et, du point de vue généalogique, une tendance similaire à l'endogamie qui rend les recherches plus complexes par l'imbrication des familles. Andolsheim se situe au coeur de la plaine d'Alsace, à quelques kilomètres à l'est de Colmar. Comme son homologue helvétique le bourg perd peu à peu son caractère rural pour devenir une banlieue résidentielle de la ville proche. Le canton dont Andolsheim est le chef-lieu a d'ailleurs le plus fort taux de progression démographique du Haut-Rhin. Le noyau central du village a cependant gardé son caractère ancien, avec ses maisons typiques à colombages (dont certaines peut-être construites par notre ancêtre maçon) et avec son église au clocher couronné d'un nid de cigogne. Lieu de culte "simultané" pendant deux siècles, l'église a été réservée aux protestants, alors encore majoritaires, après la construction de l'église catholique St-Georges en 1884. Lors d'une récente rénovation intérieure l'église a perdu ses anciens fonts baptismaux, mais conserve une aiguière et un calice de baptême qui ont pu servir pour nos ancêtres; son orgue du XVIIIe a été restauré en 1980. Le clocher surplombe le cimetière où repose la lignée maternelle de la famille, et depuis peu Jean et Jeanne Krebs. 

    La migration familiale s'effectue ici aussi à la fin du XIXe siècle, dans le cadre de l'exode rural et de la promotion sociale, avec Jean Obrecht, instituteur à Horbourg. Le mariage de sa fille avec Alfred Schmitt, employé administratif promis à un brillant avenir, a accentué ce détachement des origines rurales. Le lien avec le village reste pourtant préservé assez longtemps à travers une vaste et vague parentèle et un sentiment d'appartenance entretenu par de fréquentes visites. Les derniers aïeux encore nés à Andolsheim au milieu du XIXe siècle, Jean Obrecht et son épouse, décèdent tous deux à Mulhouse, mais sont néanmoins inhumés au village d'origine.

    Cette ville - Mulhouse - apparaît donc comme le point de rencontre de deux familles de l'aire alémanique, l'une venant du nord (Andolsheim), l'autre du sud-est helvétique (Oppligen). Le dialecte alsacien ou suisse a été la langue véhiculaire, l'allemand la langue scolaire, et si le français s'est imposé en Alsace à partir de 1918, malgré la parenthèse de 1940-45, toute la génération née autour de 1900 a encore baigné dans une culture germanique. Les sentiments nationaux ont été ambivalents, et si l'attachement à la France semble prédominer, il est accompagné du regret de l'ordre qui régnait "du temps des Allemands". Le protestantisme a également forgé les caractères et les comportements. Ce mélange des cultures, spécifique à l'Alsace, a encore imprégné l'esprit familial durant une grande partie du XXe siècle avant de se fondre progressivement dans un nouvel environnement.

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    Du point de vue généalogique, dans la perspective du couple de Jean et Jeanne, notre ascendance maternelle se partage entre les familles des parents de Jeanne: Alfred Schmitt et Johanna/Jeanne Obrecht. Comme il s'agit ici de lignée maternelle on commencera par le tableau des Obrecht.

    Ce patronyme, assez courant en Alsace, est une dérivation de Albrecht/Adalbrecht, nom formé de deux racines germaniques: «adel/adal» [noble] et «brecht» [brillant, magnifique, célèbre]. Le nom est couramment donné au Moyen-Âge en l’honneur de Adalbert de Prague, archevêque tué en 997 en tentant de convertir les Prussiens. A signaler qu'un André Obrecht - étranger à la famille! - a été l'avant-dernier bourreau officiant en France.

     En raison des multiples cousinages croisés de la microsociété villageoise, il est parfois difficile de débrouiller les liens de parenté existant entre les différentes personnes répondant à ce nom. L'état civil se contente d'ailleurs parfois prudemment de définir un témoin comme simplement "allié" à la famille. Comme de plus les mêmes prénoms traditionnels sont repris génération après génération, il arrive que coexistent trois homonymes distingués par un surnom: "le jeune", "le milieu", "le vieux". Tout en restant les mêmes, ces prénoms se modifient avec les vicissitudes de l'Histoire, prenant alternativement des formes allemandes ou françaises: Andreas/André, Salomea/Salomé, Barbara/Barbe, etc. Cette adaptation linguistique peut même s'étendre jusqu'au patronyme: une Madeleine Baumertz devient sur sa pierre tombale Baumert, un nom à consonance plus française; une famille Marschalk est rebaptisée Maréchal. Dans les registres d'état civil il est fréquent qu'un même individu soit par exemple baptisé Jacques, qu'il se marie en tant que Jakob et retrouve son prénom originel dans son acte de décès.

    Les registres paroissiaux protestants d'Andolsheim sont tenus par les pasteurs, en allemand, à partir du 20 octobre 1560 pour les naissances (Taufbuch), soit environ une génération après la conversion du comté de Horbourg à la Réforme en 1534 sous la houlette du suzerain, le duc de Wurtemberg; ils commencent quelques années plus tard pour les mariages et les décès. Parallèlement la petite communauté catholique rédige ses propres registres en latin. On note une interruption entre 1633 et 1643, durant la pire décennie de la guerre de Trente Ans lorsque Impériaux et Franco-Suédois dévastent tour à tour l'Alsace. Les villageois des alentours se réfugient à Colmar et l'on voit apparaître dans les registres de cette ville des Obrecht, Marschalk, Rebert, Horrenberger originaires d'"Ansolfsheim" (de l'ancien "Ansuolfsheim"), Horbourg, Wihr, Muntzenheim ou encore Sundhoffen (pillé et brûlé en 1633). Ils y côtoient d'autres nouveaux venus: les soldats des diverses garnisons qui épousent volontiers des Colmariennes. Cet accueil des réfugiés des campagnes n'était qu'un juste retour. En 1628 l'empereur Ferdinand II avait chassé de la cité les protestants qui avaient alors vraisemblablement trouvé refuge dans les villages des environs. Cette "tyrannische Persecution" avait duré jusqu'à l'entrée du général suédois Gustav Horn dans Colmar en décembre 1632. Dans l'intervalle ce sont les registres protestants de la ville qui s'étaient interrompus de mars 1628 à janvier 1633.

    Avec la Révolution l'état civil devient de la responsabilité du maire, mais continue à être rédigé en allemand jusqu'au mois de brumaire de l'an XIII [octobre/novembre 1804], date à laquelle on trouve un premier acte de naissance en français. Le passage d'une langue à l'autre n'est pas sans poser quelques problèmes. Alors que la rédaction des actes en allemand était effectuée par le maire, c'est le "ministre du culte protestant" qui se charge de la rédaction en français, le maire se contentant d'apposer sa signature. Par la suite c'est l'instituteur protestant qui fera pendant un certain temps office de secrétaire. En 1850 encore il est noté qu'un acte de mariage a été traduit oralement en allemand pour les parties présentes. Les registres repasseront ensuite par deux fois à la langue allemande. On tâchera en règle générale de conserver à chacun le prénom - français ou allemand - reçu lors du baptême.

    D'autres changements sont amenés par la Révolution, qui bousculent les habitudes. C'est l'introduction du calendrier républicain à partir de 1793. Jusque ventôse de l'an VII (févier/mars 1799) la date est également indiquée en "ancien style" et au début de l'an XIV, soit l'"an 1806 de la naissance de Notre Seigneur" - comme note le greffier avec une certaine satisfaction - on revient au calendrier traditionnel. La loi du 20 septembre 1792 autorise le divorce et dès le 23 frimaire An III un premier procès-verbal de divorce apparaît, en français, parmi les actes de mariage en allemand. Il est prononcé "pour cause d'incompatibilté d'humeur et de caractère".

    D'autres guerres que les querelles ménagères laissent aussi leur trace. Un André Obrecht, entré au service militaire en 1808, est fait prisonnier par les Espagnols en novembre 1810 et est porté disparu depuis. En 1836 des extraits d'actes de décès proviennent des hôpitaux militaires d'Oran et Blida: il s'agit des victimes de maladie de l'armée d'Afrique lors de la conquête de l'Algérie. Un lointain parent, André Hild, du 62e régiment d'infanterie, décède de "diarrhée chronique" à Oran le 14 octobre 1836. En 1854 des décès similaires sont signalés de Gallipoli et Constantinople lors de la guerre de Crimée. En revanche la guerre franco-prussienne de 1870 n'a pas laissé de trace dans l'état civil d'Andolsheim. Des drames individuels trouvent également un écho avec l'enregistrement, au cours du XIXe siècle, de deux suicides dans la forêt du Kastenwald, ainsi que de deux cadavres trouvés dans un champ et au bord de l'Ill. En 1857 Jean Hild décède à la Centrale d'Ensisheim où il était détenu pour une raison qui nous est inconnue.

   Les registres paroissiaux d'Andolsheim permettent de remonter la lignée de nos ancêtres Obrecht jusqu'au mariage de Lorentz/Lentz Obrecht et Martha Schlegel le 31 mai 1573. Tous deux sont nés avant l'existence d'un registre: c'est donc à un âge inconnu que Lorentz décède en 1611 et son épouse l'année suivante. Le couple a eu 13 enfants dont plusieurs sont morts en bas âge. C'est ainsi que Jacob, par qui se poursuit notre lignée, est le troisième enfant de la fratrie à porter ce même prénom.


Acte de mariage de Lentz Obrecht et Martha Schlegel

    Jacob Obrecht naît en 1588. Les actes du registre le désignent comme "Schaffner", c'est-à-dire prévôt ou intendant. En tant que tel il représente la puissance tutélaire du suzerain, en l'occurrence la maison de Wurtemberg. Cette fonction le range parmi les notables de la communauté et ce statut de la famille trouvera son prolongement en son fils et son petit-fils qui seront tous deux "Chorrichter", membre du "Chorgericht", l'institution gardienne de la paix civile et de la moralité publique (on a vu que la même institution existait à Oppligen en Suisse à cette époque). Jacob épouse en 1612 Suzanna Dietrich, originaire de Bischwihr; ils auront six enfants, dont l'aîné Johannes/Hanns dit "le jeune", né en 1613, continue notre lignée. Lorsque celui-ci meurt en 1685 à 72 ans, un âge respectable pour l'époque, il est devenu Hanns "le vieux", membre du tribunal [dess Gerichts]. C'est à Colmar, et non au village, qu'il a épousé en 1654 Anna Baltzinger, de Sundhoffen, ce qui peut être le signe d'une volonté de distinction Il est père de dix enfants, dont Johann Jacob qui réunit les prénoms de son père et de son grand-père.

    Johann Jacob Obrecht, né en 1658 comme troisième enfant du couple, épouse en 1687 Catharina Marschalk qui porte l'autre nom le plus répandu dans la communauté villageoise. L'enterrement de son épouse, décédée en février 1708 alors que le village est envahi par les eaux, est suffisamment mouvementé pour que le pasteur en fasse la relation dramatique dans le registre. Devenu veuf, Johann Jacob se remarie sept ans plus tard avec une veuve déjà âgée. Il décède en 1726 à l'âge de 68 ans, fauché par une de ces épidémies favorisées par les chaleurs de l'été. Quelques jours auparavant on notait le décès de la fillette d'un valet de ferme suisse qui logeait précisément chez Johann Jacob.

    La fonction de "Chorrichter", que Johann Jacob hérite de son père, inclut à la fois moralité, notoriété et un certain niveau social: on peut supposer que la famille vit alors du revenu de terres mises en fermage ou cultivées par des employés, valets à demeure, journaliers ou saisonniers. Ces ouvriers agricoles sont assez souvent suisses et parfois calvinistes, comme le note le pasteur luthérien dans son registre. Ainsi en juillet 1715 un moissonneur de cette nationalité décède dans un appentis appartenant à Andreas Obrecht, le forgeron. Ce n'est qu'à la génération suivante, précisément avec Andreas, qu'apparaît chez les Obrecht la notion de "métier".