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 le boulanger d'Andolsheim





la boulangerie de Jebsheim vers 1900



Les Obrecht / Les Hild / Les Schmitt / Les Obrecht-Schmitt

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N'oublions pas les boulangers

Forgerons, tonneliers, boulangers, tisserands: c'est tout un petit artisanat rural qui noue des alliances familiales. On trouve aussi des cordonniers, tailleurs, charrons et aubergistes qui émergent d'un substrat essentiellement agricole composé de paysans propriétaires (Ackerer ou Ackermann) et de journaliers (Tagelöhner ou Tagner). L'artisanat ou le commerce constituent une promotion pour les paysans pauvres et offrent, dans un premier temps, au moins un complément de revenus aux fils issus de ces familles nombreuses qui à chaque génération doivent se partager des terres exigües. Ainsi des trois fils d'Andreas Obrecht, disparu en Espagne le 7 novembre 1810, l'aîné est désigné comme propriétaire (il donne ses terres en location), bourrelier et aubergiste (il tient à Andolsheim l'auberge "A l'Etoile" qui persistait en 2008 à l'enseigne de la pizzeria "A l''Etoile - La Strada"); le second est uniquement cultivateur, tandis que pour le troisième, Sigismond, l'agriculture est un appoint à son activité de boulanger. Cependant à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle l'époque offre de nouvelles possibilités de promotion sociale et d'émancipation hors du cadre étroit du village natal. Ainsi Jean Obrecht et ses frères deviennent fonctionnaires et se partagent entre Mulhouse, Colmar et Strasbourg. Les Hild se spécialisent dans les professions médicales et "émigrent" à Colmar. 

      Tel n'est pas le cas des descendants du boulanger Sigismond Obrecht (1806) qui sont restés au village et ont repris le métier de père en fils. Ils représentent l'esprit de fidélité aux origines et restent une référence pour des membres depuis longtemps partis au loin. Deux des fils de Sigismond restent dans la boulange. Si l'un, Jean, va s'établir boulanger-aubergiste au village voisin de Jebsheim, Sigismond-fils reprend la boulangerie d'Andolsheim, rue des Clefs. Après lui la tradition de ce commerce va se perpétuer pendant trois générations encore et seuls des événements tragiques viendront interrompre cette continuité. Une photographie ancienne montre la grande bätisse de la boulangerie-épicerie à l'enseigne "Bäckerei-Spezerei Sigismund Obrecht", dont la spécialité était la fabrication de pains d'anis, ces biscuits typiquement alsaciens. La dynastie des propriétaires conduit, après une succession de trois Sigismund/Sigismond, au début du XXe siècle à "Sigismund Paul Obrecht Bäcker" ("boulanger" pour le distinguer de ses homonymes). Lors du premier conflit mondial Paul est mobilisé dans l'armée allemande; son passage, venant de Russie, est signalé à Mulhouse en mars 1918. Il survit à la guerre contrairement à son fils René qui, lui aussi mobilisé sous l'uniforme allemand comme "malgré nous", est tué le 20 février 1945 en Prusse Orientale, à Seerappen/Ljublino, une base aérienne (ancienne base de zeppelins) située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Königsberg/Kaliningrad. On ne sait où se trouve sa sépulture, les victimes allemandes - militaires ou civiles - ayant été enterrées hâtivement dans le sol gelé et leurs tombes par la suite profanées et arasées lors de l'occupation russe. Son nom est inscrit sur la stèle du monument aux morts d'Andolsheim et "en souvenir de..." sur la tombe familiale de la lignée des boulangers. 

     Le père de René, qui était déjà cardiaque, est profondément affecté par cette disparition et décède en 1948 malgré les soins prodigués par son petit-neveu, le docteur André Hild, qui depuis Colmar lui rend visite deux fois par semaine. Andolsheim n'avait en effet à l'époque pas de médecin et André, comme enfant du pays, avait pris l'habitude d'aller en soigner les habitants. Le commerce a continué d’exister après la guerre à l’enseigne de la «Veuve Paul Obrecht». D'après les renseignements fournis par André Hild et Christian Rebert, maire d'Andolsheim, le magasin avait d'abord été promis à un employé de la famille, considéré comme un fils adoptif, puis mis en vente lorsque ce dernier avait quitté l'entreprise à la suite d'une brouille. Il a alors été repris en 1965 par un voisin direct, Alfred Rebert, vétérinaire de profession. Dès l'année suivante le nouveau propriétaire remplaçait la vénérable mais vétuste boulangerie, située dans la rue des Clefs, par un magasin moderne du genre superette auquel il adjoignait un fournil et un entrepôt. En l'an 2000 c'est son fils, Alain Rebert, qui a repris le commerce de boulangerie-patisserie désormais intégré dans un immeuble de style "néo-alsacien". La destinée de cette lignée Obrecht, restée au pays a fait partie de la mémoire familiale, ce qui explique qu'une "expatriée" comme Jeanne Krebs ait encore fait des achats dans cette boutique, lors de ses passages dans la commune dans les années 1950.

La boulangerie vers 1910

 


























Sigismond Obrecht
    (né 1806)