Les
Obrecht / Les Hild / Les
Schmitt / Les Obrecht-Schmitt
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Un jeune homme bien sous tous les rapports
Alfred Schmitt naît
le le jeudi 1er janvier 1885 à Horbourg,
à 14 h, comme
sixième et dernier enfant de Georges et Salomé.
Son
père, 40 ans, et sa mère, 34 ans, sont
déjà
relativement âgés. Il a encore
été
baptisé dans l'ancienne église de Horbourg.
De
ses
études on a une seule trace: une photographie du 28 avril
1901,
à 13 h 30, montrant cinq jeunes
gens studieux - bien qu’on
soit un dimanche - penchés sur leurs livres et cahiers
devant
les rayons d’une bibliothèque. Outre Alfred, il y
avait
Ludwig Rauscher, de Forbach, Camille Roeder, de Mulhouse, Andreas
Burghard de Hattstatt, et Ludwig Windisch, de Saverne. Nommons les
tous, car combien ont survécu à la guerre?
Alfred, appelé familièrement Fred, a 16
ans, mais son visage, comme celui de ses camarades, reflète
une
certaine maturité, accentuée par le costume et la
cravate, la cigarette ou la pipe, qui leur donnent à tous
une
allure d’étudiants.
Les
débuts prometteurs de sa carrière indiquent un
jeune
homme intelligent, ayant fait de solides études. Comme le
voulait l’usage pour les étudiants, en Allemagne
comme en
France, il a suivi une préparation militaire
supérieure
qui lui a donné le grade de sergent
(«Unteroffizier»).
Une mention marginale de son
acte de
naissance dans le registre de Horbourg fournit des indications
supplémentaires: le 1er octobre 1903, il a
été
incorporé comme «einjähriger
Freiwilliger»
[volontaire pour un an] dans les chasseurs du Grand-duché du
Mecklembourg, bataillon n° 14, basé à Colmar. Cette possibilité
était offerte aux étudiants, à la fois
pour
choisir leur arme et leur unité, obtenir un grade et
effectuer par la suite un
service
abrégé. Ces volontaires, qui devaient
s'équiper eux-mêmes, constituaient le vivier
du corps
des officiers de réserve. Sur un portrait de studio
il pose, sanglé dans son uniforme, baïonnette au
côté, gants blancs et casquette plate. Il
s’est
laissé pousser la moustache en crocs pointés vers
le ciel
et il fixe l’horizon de ses yeux un peu rêveurs qui
contredisent son allure martiale. C’est encore ainsi
qu’il
apparaît en 1912,
attablé à
l’extérieur, aux côtés de sa
soeur Sophie.
Au
cours de la guerre il accèdera successivement, en
février
1916, au grade de "Vizefeldwebel"
[aspirant], puis, en mai 1917,
à celui de "Leutnant" [sous-lieutenant], le premier
échelon d'officier. N'appartenant pas à
l'armée
active, son grade est: "Leutnant
der Reserve" ou "der Landwehr".
Au cours
de ce service préparatoire ou d’une
des deux périodes
militaires ultérieures, ou encore durant son service
proprement
dit, effectué normalement de 23 ans à 24 ans,
donc entre
1908 et 1909, Alfred envoie une carte photo à
«Mademoiselle Jeanne Obrecht (Lehrer)».
L’adresse
francisée ne laisse pas de surprendre de la part
d’un
sous-officier de l’armée prussienne. Faut-il y
voir un
souci de galanterie, une tradition alsacienne ou, dans le cas de la
famille Schmitt, plutôt une habitude lorraine? Il s’agit du seul
témoignage conservé d’une
correspondance des
fiancés. La date n’est pas
précisée; le
timbre est simplement oblitéré «Schiessplatz»
[champ de tir] et la carte a été
envoyée à
Andolsheim, où la famille Obrecht, qui habite
déjà
Mulhouse, doit se trouver en vacances. La carte représente
une
troupe en
tenue de campagne, sac au dos, casque à pointe,
baïonnette
au canon, traversant un village alsacien sous la conduite de deux
officiers à cheval. Une flèche à
l’encre
signale Alfred parmi les hommes à pied. La
réalité
est plus triviale que cette image martiale et
l’expéditeur
avoue: «Je serai content quand nous en aurons fini avec ces
journées dans le sable» [Ich bin froh, wenn wir
die Tage
hier im Sand hinter uns haben]. De cette époque date aussi,
peut-être, la photographie d’une section
rangée en
bon
ordre devant un bâtiment d’allure militaire.