Les
Obrecht / Les Hild / Les
Schmitt / Les Obrecht-Schmitt
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Canon et casino en Champagne
Provisoirement, les adversaires observent une
trêve relative, rassemblant leurs forces. Alfred obtient une permission et arrive
le jeudi 14 février 1918 à 2
h 30 du
matin. S’en suit la procédure habituelle de la
demande
d’autorisation de déplacement, et le 16 Alfred,
Jeanne et
Hansi partent pour Horbourg à 11 h 51. Jean Obrecht,
resté
à Mulhouse, va chercher pour lui-même les
denrées
qui revenaient au permissionnaire, précieuses en ces temps
où un oeuf coûte 1 Mark. Selon ses notes du mois,
la démoralisation
progresse: «Le nombre des femmes de
mauvaise vie augmente tous les jours» [Die Zahl der
lüderlichen Frauenzimmer wird von Tag zu Tag
grösser]; les
moeurs à l’école deviennent de plus en
plus
brutales. Le Kaiser délègue certes le populaire
feld-maréchal Hindenburg, le 18 février à Mulhouse, pour
galvaniser
le moral des troupes et de la population. Plus de hourras pourtant
cette fois, le maréchal se contente de passer les troupes en
revue. Le 23 février, Alfred ramène Hansi et
repart le
jour même, à 15 h 14, pour Colmar
d’où il
regagnera son unité.
On ne
sait si le 44e a été engagé dans les
premiers
combats autour de Montdidier
lors de la grande offensive (nom de code: opération Michael) qui selon
l’état-major allemand
devait décider du sort de la guerre. Le 21 mars 1918, 70
divisions avaient été lancées en
Picardie, sur un
front de 70 kms, afin d’enfoncer un coin entre les troupes
anglaises et françaises. L’effort avait
porté
spécialement sur le secteur de Montdidier qui est pris le 27
mars après des combats
acharnés, mais la percée
décisive n’a pas eu lieu. Ce résultat
mitigé
n’empêche pas d’accorder une
journée de
congé aux petits Allemands en l’honneur des
«victoires de Bapaume et Péronne».
En
revanche, la présence d’Alfred en Champagne en
avril 1918 est attestée par des photographies.
L’une d’elle représente tout un groupe
d’officiers, la tête rasée, trinquant un
verre à la main - véritable caricature de
l’officier prussien en France; au dos: «Champagne
1918», sans plus de précisions et sans
qu’on reconnaisse Alfred parmi ces reîtres.
C’est encore d’avril 1918 que sont
datées trois photographies d’un
même groupe d’officiers, prises dans un verger
devant l’arrière-plan d’un village
typiquement français: Vandy,
sur l’Aisne, à 60 kms au nord-est de Reims, une
position
clé qui ne sera reprise par les alliés qu'en
octobre
1918. Pour cette séance photographique le groupe est sorti
dans
le jardin de la propriété
réquisitionnée
comme "Kasino"
(mess des officiers); celle-ci appartenait à
Maître Orban, notaire, qui avait été
nommé
maire par les autorités militaires allemandes (informations
fournies par M. R. Darcq).
Après
bientôt quatre ans de guerre les croix de fer se font plus
nombreuses sur les poitrines des survivants. C’est de cette
même période que doivent dater quelques vues
d’un
énorme canon
sur rail. Il s’agit vraisemblablement
de ce
canon à longue portée qui a bombardé
Paris depuis
Laon, pour la première fois le 23 mars 1918, et
qu’on a
assimilé à tort à la «grosse
Bertha»
qui était un canon de siège
fabriqué en série,
employé par exemple pour réduire les forteresses
belges.
à Vandy