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Comment on devient infirmière

Grâce au CV annexé à sa demande de naturalisation, on peut reconstituer le parcours scolaire de Xénia: elle a fréquenté le Lycée de jeunes filles, puis l’Ecole d’art professionnelle (ou des arts professionnels) de jeunes filles de Mulhouse, une école fondée en 1885, 12 rue de la Bourse, sous l’égide de la Société Industrielle; ensuite elle a suivi des cours de la Croix-Rouge pendant deux ans. Il ne semble pas qu’elle ait quitté le lycée avec un diplôme tel que, par exemple, le brevet supérieur. A l’École d’art professionnelle elle apprend la sténodactylo et, en avril 1934, elle obtient un certificat de sténographie élémentaire (75 mots à la minute) et l’examen préparatoire de dactylographie (200 mots en 15’); puis en juin les certificats de sténographie pratique (degré commercial, 100 mots à la minute) et de dactylographie (degré pratique, 400 mots en 15’). Parallèlement, la Chambre de Commerce lui établit des certificats de sténographie française (100 mots à la minute), mention bien, et de sténotypie française (130 mots à la minute), mention très bien. Enfin l’année suivante, en juin 1935, elle passe avec succès l’examen de sténographie pratique (degré commercial supérieur, 120 mots à la minute). C’est cette formation qui lui a permis d’occuper divers emplois de secrétariat après la guerre, après un détour par l’hygiène scolaire.

    Est-ce un retard dû à sa longue maladie ? C’est seulement en cette même année, donc à l’âge de 20 ans, que Xénia fait sa . Ce fait inhabituel est attesté par une photographie d’elle en confirmande grande et mince dans sa robe noire, dédicacée à sa grand-mère maternelle le 9 avril 1935. Il semble que guérie, quoique avec des séquelles, elle veuille rattraper, sur tous les plans, le temps perdu.

    Le véritable désir de Xénia est toutefois de devenir infirmière, une vocation peut-être née de sa longue fréquentation du milieu hospitalier. Au cours des années 1935 et 1936 elle suit donc une formation dispensée par la Croix-Rouge pour le compte de l’Union des Femmes de France (UFF), une organisation d’inspiration patriotique. Elle s’inscrit également à des cours de «protection contre le danger aéro-chimique», dispensés par les Assistantes du Devoir National. En mars 1935, elle obtient le «diplôme simple» de l’UFF, puis en mars 1936 le diplôme supérieur de la Croix-Rouge. L’obtention de ces deux diplômes fait l’objet d’un certificat de l’Association des infirmières, émanation de l’UFF, signé par la directrice Violette Schoen. Active et connue après la guerre, cette dernière créera en 1947 avec l’industriel Bernard Thierry-Mieg la délégation haut-rhinoise de l’Entraide sociale. C’est cette ancienne camarade de Leysin qui a peut-être favorisé la vocation de Xénia, mais l’a aussi fourvoyée. Ces titres ont été en effet délivrés par un organisme privé et ne sont pas des diplômes d’État.

    Cela a été un des grands regrets de Xénia de devoir quitter, après la guerre, la profession lorsque le recrutement des services hospitaliers a été plus strictement réglementé. Par ailleurs son handicap moteur lui interdisait la profession d’infirmière libérale avec ses nombreux déplacements. Durant la guerre, en service à l’Hôpital du Valentin à Bourg-lès-Valence, elle demandera à bénéficier d’une loi du 3/04/1941 relative à l’accès aux emplois dans les administrations publiques. La réponse du Secrétariat d’État à la Guerre, datée de Royat le 6 juillet 1942, lui oppose une fin de non-recevoir: «L’intéressée, infirmière bénévole de la Croix-Rouge française et non titulaire d’un emploi public, sera maintenue en service à titre provisoire». Dans ces années, en effet, une carte d’identité du Service de santé du Ministère de la Guerre, frappée d’une grande croix rouge, atteste son appartenance au service sanitaire, tout en précisant qu’elle est rattachée à l’Union des Femmes de France. Une autre «carte d’identité de sanitaire» la définit comme infirmière et lui attribue Bourg-lès-Valence comme domicile.