Les ancêtres / A l’aube du souvenir
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Ceux qui nous viennent d'Outre-Rhin
Avant
de
suivre les jeunes époux dans leur destinée, un
détour s’impose par la famille d'Anna Schray et le versant allemand de notre histoire. Ce
sera
l’occasion de rencontrer, avec la mère
d’Anna, une
personnalité marquante qui ouvre aussi, par son remariage,
une
perspective sur une seconde lignée parallèle,
celle des
Stoll.
La lignée
Schray entre dans notre horizon avec Wilhelmine
Schray qui,
par un acte officiel du 16 novembre 1859, renonce à la
citoyenneté d’Alpirsbach, district
d’Oberndorf, dans
ce qui était à l’époque le
royaume du
Wurtemberg. Ce document (Bürgerrechts
-Verzichts-Urkunde
zum Zwecke der Auswanderung) vaut autorisation
d’émigrer avec son jeune fils, August Wilhelm,
né
le 9 juillet 1851. Elle laisse en partant un garant financier, son beau-frère Christian Schäfer, boulanger, et
s’engage pendant deux ans à ne pas servir contre
sa
Majesté le Roi (l’exportation de mercenaires
était
une spécialité du Wurtemberg). Une
délibération du conseil municipal du 27 novembre
1859
décide, au vu de l’acte de renonciation, que rien
ne
s’oppose à l’émigration. La
jeune femme a une
bonne renommée («ein gutes
Prädikat») et
emporte 300 florins. Le 12 décembre l’instance
administrative supérieure d’Oberndorf donne son
accord
à l’inscription de Wilhelmine sur la liste
officielle des
personnes autorisées à émigrer
(Auswanderungs-Liste). La destination de
l'émigrante est la ville de Mulhouse - alors
française -
qui appose son cachet orné de l'aigle impérial
napoléonien sur l'acte de renonciation. Comme il
n’y a
aucune
mention de mariage ou de veuvage, il n’est pas interdit de
supposer que - en dépit de sa bonne renommée -
Wilhelmine
ait été mère
célibataire.
Selon les renseignements aimablement fournis par la boulangerie Schäfer, qui existe à
Alpirsbach
depuis onze générations,. l'arbre
généalogique, de l'actuel
propriétaire, comporte effectivement un Christian Friedrich
Schäfer (1811-1878), boulanger, qui a
épousé Anna
Margaretha
Schray (1815-1884),
fille d'un marchand de grains et soeur de Wilhelmine. L'histoire des
familles Scrhay et Schäfer est étroitement liée, non
seulement par ce mariage, mais aussi par leur commune migration.
Wilhelmine, peut-être contre son gré, a montré la
voie la famille de sa soeur dont une partie vient la rejoindre
à Mulhouse, devenue allemande entre-temps. Deux des six enfants
de
Christian
et Anna Margaretha Schäfer, Wilhelm et Luise Barbara, s'installent
en effet dans la
métropole alsacienne où ils se marient, Wilhelm y
exerçant le métier de brasseur et Luise y
épousant un brasseur/aubergiste originaire de Tübingen. Il
est
vraisemblable que les deux beaux-frères se soient
associés pour gérer la même brasserie
"Schäfer" qui sera reprise à la génération
suivante par Wilhelm junior. Leur mère Anna
Margaretha Schray-Schäfer viendra, après le
décès de son mari en 1878, achever sa vie dans cette
ville
auprès de ses enfants et petits-enfants qui constituent donc
avec Wilhelmine
et son fils
- les premiers arrivés - une petite colonie souabe. Les
Schäfer s'installent d'abord au 51 Fbg de Colmar où Anna
Margaretha réside encore lors de son décès en
1884. Un indice des relations unissant les familles Schray et
Schäfer: c'est à
cette adresse que Christine Schneider-Schray,
la bru de Wilhelmine, tiendra boutique quand Wilhelm Schäfer, le
brasseur, sans doute
devenu indésirable après l'Armistice,
rentrera en Allemagne. Quant à Wilhelmnine elle meurt en
1892, non mariée et - semble-t-il - assez isolée dans son
logis au 8 rue du Manège puisque c'est un inconnu qui
déclare le décès en se trompant sur le
prénom du père et en ignorant le nom de la mère.
On ne sait
presque rien du fils de Wilhelmine, August Wilhelm Schray,
à part qu‘il était boulanger et
qu’il a
vécu en Allemagne avant de revenir à Mulhouse. Il
épouse à une date et en un lieu inconnus une
«payse», Christine Jakobine Schneider,
née comme lui dans le Wurtemberg, à Kloster
Reichenbach,
district
de Freudenstadt. Tout laisse à penser qu'il est
retourné
pour un temps indéterminé auprès de
Christian Schäfer, son oncle
allemand, pour apprendre le métier de boulanger et,
accessoirement, se marier avant de revenir s'établir
auprès de sa mère à Mulhouse.
D’après
les informations
données
par un projet de succession son épouse avait deux soeurs,
Friederike et
Marie, et un frère Adam. Si l’on en croit la
tradition
familiale, ce frère, après s'être
marié au Danemark, se serait établi comme
serrurier
d’art à Wilkinsburg/Pennsylvanie. Son
épouse, rentrant dans son pays, aurait fait un détour par la France qui
l’aurait conduite à rendre visite à sa
lointaine
parenté mulhousienne. Cette tradition est
corroborée par
un souvenir d'un petit-fils de Christine, Georges Stoll: son
père
possédait une montre en or offerte par cet oncle
d’Amérique; il possède aussi deux
photographies portant une adrese à Wilkinsburg. A mots
couverts, on
évoquait aussi les
grand-tantes Friederike et Marie comme exemples d’une
fragilité à la tuberculose qui se serait
transmise à leur petite-nièce
Xénia Krebs.
La fille aînée du couple, Marie Schray, est
encore née en Allemagne, à Stuttgart en 1877, et
a été prénommée comme
sa tante maternelle. On en sait peu de choses. Jeune, son visage nous
est connu par un portrait d'art photographique, pendant de celui
de sa soeur. Elle meurt relativement
tôt, en
1939, à 62 ans, laissant peu de souvenirs et de photos
à
ses descendants. A-t-elle été «en
service»
comme sa soeur puinée Anna? Elle ne devient
«visible» qu’en se
mariant. En 1899 elle épouse Friedrich (Fritz) Trautmann,
employé des chemins de fer, fils d’un forgeron de
Soultz-sous-Forêts. De leur union naissent trois enfants: Frédéric
(Fritzi), Alfred
(Freddi) et Marguerite
(Gritti). Les relations de cousinage resteront suivies entre la famille Trautmann et
la famille Krebs, issue du mariage d’Anna avec Hans; ainsi
Xénia Krebs sera encore marraine de son petit-neveu
André
Trautman. Par Alfred Trautmann et par sa soeur
Marguerite,
épouse Wirth, s’est
développée une vaste
descendance mulhousienne dont l’arbre
généalogique
reproduit les ramifications. Les relations seront renouées
par Annette Krebs-Stamm, installée à
Mulhouse, qui a pris contact avec son petit-cousin André
Trautmann.
Marie Schray