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Début janvier
1938,
c’est un nouveau départ pour la Hongrie
pour
environ 4 mois, du 9 janvier au 13 avril. Les jeunes parents
n’hésitent pas à emmener leur
bébé de
trois mois pour un voyage en train en plein hiver au coeur de
l’Europe Centrale. Tout, pourtant, se passe bien: une vue
panoramique de Vienne du 10 janvier annonce: «Dany a
été sage comme une image toute la
nuit». Le 11, on
est arrivé et une vue de Budapest
(Parlement et Danube)
adresse
à Jean Obrecht, hospitalisé, des souhaits de
guérison et de retour à la maison; la carte
conclut par
«un sourire de Dani». Le 13 Jean passe à
l'ambassade
suisse pour faire enregistrer son changement de domicile sur son livret
militaire.
Plusieurs photographies de janvier
montrent le bébé que sa maman en manteau de
fourrure
promène au soleil d’hiver, dans son superbe landau
noir
caréné à fenêtres, le long
des quais aux
environs du pont Lanchid, sur le Duna Corso, devant le Musée
et
jusqu'au Mont Gellert. A partir de
février, le petit «Dani»
affiche une
figure toujours
riante, qu’il soit dans les bras d’un de ses
parents ou
couché avec son jouet
préféré (un petit
groom noir). La présence du bébé est une incitation
à multiplier les photographies qui sont
tirées en tout petit format. Le 3 mars, le
grand-père
(à présent arrière-
grand-père) ne va pas
mieux puisque l’adresse s’intitule de
façon peu
amène: Asile des Vieillards, rue des Orphelins à
Mulhouse. Ecrite à l’occasion d’une
visite de la
mère de Jeanne en Hongrie, la carte représente le
Bastion
des Pêcheurs. Désormais Jeanne, qui avait
commencé
par allaiter, nourrit le bébé avec des biberons
tout
préparés qu’elle va chercher dans une
crèche. Elle apprend à reconnaître le
numéro
de son lot qu’on appelle en hongrois et saura le
répéter encore de longues années plus
tard.
Encore un fois, la
Foire de Leipzig est incontournable. Jean y
va
cependant seul cette fois, laissant femme et enfant à la
pension
en compagnie de la grand-mère. Sur une carte montrant un hall de
machines il écrit, le 10 mars, à ses parents
qu’il
est attablé dans cette foire
«kolossale» avec
«tante Sophie
(du Hohrodberg)»; celle-ci - qui
signe S.
Leonhart - est donc venu voir sa soeur Lucie. Le
lendemain, les deux
soeurs ajoutent sur un carte du Neues Rathaus, wilhelminien et lui
aussi colossal, quelques mots pour le grand-père, toujours
à l’Asile. C’est ce même jour
- 11 mars 1938 -
qu’a lieu l’Anschluss
de l’Autriche par
l’Allemagne nazie. De cette visite on a encore deux cartes
vierges représentant les halls de machines 8 et 9. Jean ne
retournera plus qu’en 1957 à Leipzig, dans un
contexte
international absolument différent, et il sera
hébergé cette fois par la cousine Lotti et son
mari.
Le
14 mars, Jean est revenu d’Allemagne puisque tout le monde
signe
une carte au grand-père Obrecht montrant
l’orchestre
tzigane du Café Ostende à Budapest: Hansi
(Jeanne), Jean,
Jeanne (Obrecht-Schmitt) et même «Dany».
La grand-mère
est toujours là le 23 mars: c’est ce qui
ressort des vœux adressés à Jean
Obrecht –
toujours à l’Asile – pour son 78e
anniversaire: un
panorama de Pirna,
ville d’Allemagne près de la
frontière tchèque, imprimé sur un
carré de
tissu. Il semble cependant que
l’arrière-grand-père
Obrecht soit revenu à son domicile avant le retour de sa
fille,
puisque une carte (relève
de la Garde du Palais-Royal) lui
est
adressée chez lui pour lui demander
d’envoyer
«une de ces cordes à broches qui sont dans un des
tiroirs
de notre buffet». Le 13 avril 1938 un visa de
l'ambassade de Suisse sur son livret militaire mentionne
le
départ de Jean.
On
n’a pas de
plus amples détails sur ce séjour. En effet,
Jeanne
(accaparée par son bébé?), a
abandonné la
rédaction de son journal de voyages qui risquait aussi de
devenir répétitif, avec ce nouveau
séjour à
Budapest pendant lequel on loge toujours dans la même Hadik
Pensio. .