ducotekrebs.htmlducoteobrecht.htmlrencontre1.html  













 




















































                 

La rencontre / Les fiançailles / Le mariage / Le temps des voyages

1 > 2 > 3 > 4



Les chevaliers de la Paix et de la Raquette

Enfants, leurs chemins se sont croisés au moins à Saint-Paul, l’église de leur paroisse, où le même pasteur Koehnlein préside à leur confirmation à deux années d’intervalle. Ils ont dû en particulier participer aux mêmes fêtes de Noël organisées pour les enfants de la paroisse durant l’Avent. Ce voisinage a duré jusqu’à ce que, après la Première Guerre, la mère de Jeanne emménage rue de l’Espérance. Le hasard intervient encore lorsque Jean vient travailler à la "Dentsch", précisément dans l’entreprise où Mme Obrecht-Schmitt est employée jusque 1932. D’après leur témoignage, Jean et Jeanne se sont remarqués pour la première fois alors que celle-ci rendait visite à sa mère sur son lieu de travail.

    Au chapitre d’une certaine nécessité, c’est d’abord le milieu qui les rapproche puisqu’ils avaient toutes les chances de se rencontrer dans le cadre des activités de la jeunesse protestante. En mai 1929 à Altkirch, puis en mai 1930 à Sainte- Marie-aux-Mines Jeanne participe aux journées de la Jeunesse et y a peut-être déjà aperçu son futur mari. Tous deux font partie, encore, de ces «Chevaliers du Prince de la Paix», un mouvement fondé en 1927 par le Suisse Etienne Bach (1892-1986) qui avait pour ambition de réunir les jeunes de toutes nationalités pour un idéal commun de paix et de fraternité. Ce sont également des «Sumistes», membres du SUM (Stade Unioniste Mulhousien), la section sportive - surtout active en basket-ball - fondée fin 1919 par l’Union Chrétienne de Jeunes Gens. Les activités se déroulaient au terrain de sport de la Fraternité, rue d’Alsace, dans la salle du gymnase du Foyer Alsacien ou encore au jardin de la "Fédé". C’est à Riedisheim (rue Castelnau), dans ce jardin familial de la Fédération des paroisses protestantes, encore appelé «Vereinsgarten» ou jardin Sticker, qu’il leur arrive de se retrouver pour un match de tennis, un sport en vogue depuis les succès de Suzanne Lenglen et des "mousquetaires" de la raquette française. En septembre de chaque année avait lieu la fête traditionnelle du SUM. Des liens solides se forgent alors entre les Sumistes qui, à partir de 1963 organisent, fin septembre ou début octobre, des réunions annuelles d’anciens. Celles-ci rassemblent jusqu'à une cinquantaine de participants (Lucelle 1972) sur la centaine de membres recensés, dont plusieurs fois Jean et Jeanne revenus au pays pour l’occasion. Elles ont lieu d'abord à Storckensohn, puis dans différents lieux d'Alsace alliant environnement agréable et gastronomie. "Hansi" Krebs, toujours actif, fera longtemps partie du comité d'organisation. On a un dernier témoignage photographique d'une rencontre à Metzeral réunissant en 1993 les  ultimes survivants de cette belle aventure.

     

Jeanne, Charles Buchi, Bennes, Charles Daske, Jean

Deux coeurs simples

    Ensuite il existait entre les jeunes gens une conformité de caractère faite de contrastes et de concordances: au tempérament extraverti, optimiste et actif de l'un correspondait l'introversion, le pessimisme et la passivité de la jeune orpheline de père; mais ces contraires trouvaient une possible jonction dans une même discrétion, voire une certaine timidité qui caractérisait encore à l'époque le jeune sportif. Au-delà de cet aspect psychologique, ils avaient aussi en commun, fondamentalement, un certain style de vie simple, hérité de la frugalité des ancêtres et conforté par l'austérité protestante - chacun avec sa propre nuance: continence chez Jeanne, indifférence chez Jean. Cette simplicité de moeurs ne résultait pas d'une décision assumée, mais correspondait à un goût devenu seconde nature. Tous deux étaient particulièrement sobres, n'étant amateurs ni de bon vin, ni de mets raffinés, et ils garderont cette tendance naturelle à la tempérance quand - à la différence de leurs parents - l'aisance financière leur aurait permis des "extras". Cette vertu d'abstinence correspond donc à une prédisposition familiale, mais s'y ajoute un facteur personnel, irréductible aux déterminations extérieures. Dans la fratrie Krebs, pourtant soumise aux mêmes influences, Robert sera addictif au tabac et Paul à l'alcool.





Rencontre du SUM à Storckensohn en 1963